Aujourd’hui avec les outils de mesure électroniques tout semble facile. La précision par laser est un jeu d’enfant, l’histoire d’un simple clic sur un bouton, et le boitier affiche en temps réel le résultat des multiples calculs... Mais comment les anciens charpentiers pour le gros œuvre ou la construction navale, et les menuisiers pour les finitions décoratives ont mesuré, tracé ou vérifié ? Et certains Provençaux ont même développé leurs propres méthodes…
Autan le travail du bois a été attribué exclusivement au
charpentier. Avec l’évolution des techniques au Moyen Age le nom de menuisier
apparait pour celui qui aménage l’habitation en bois. Le menuisier en meuble ne
prend le nom d’ébéniste qu’au 17ème siècle avec l’importation des
bois exotique par les grands ports, notamment de Marseille. A l’époque le style
suivait les modes venues de Paris, notamment le fameux style Louis XV. Le style
provençal est relativement récent, je dirai du 19ème siècle.
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| Une panetière du 19ème siècle |
L’autre richesse du mobilier provençal a été des commodes,
armoires et autres buffets, en formes de volutes, de courbes et contre-courbes,
et toujours sur des pieds galbés. Aujourd’hui très rare est un véritable «
radassiero », ce buffet en deux parties dont le meuble supérieur, plus petit,
possède des portes coulissantes. C’était un travail de précision avec des
matériaux de première qualité. Les portes ont été coulissantes pour ne rien
renverser du corps inférieur.
Et pour les techniques, on partait toujours d’une esquisse
d’un meuble au crayon sur papier, et pour travailler avec précision on a
réalisé des gabarits en papier épais pour découper les planches. Et à partir de
cette étape le menuisier a utilisé des outils de mesure. Ils ont été toujours
d’un prix abordable, même en excellente qualité, ce qui explique qu’on trouve
dans les ateliers d’anciens artisans du bois un grand nombre de règles et de
rubans gradués. Il a été judicieux de posséder pas seulement des instruments de
mesure graduées en centimètres, qu’on appelle système métrique, mais aussi en
pouces, avant tout pour la clientèle anglaise et pour la réparation de leurs
meubles souvent importés.
Une de première leçon d’un apprenti a été de comprendre
qu’il faut toujours utiliser le même outil pour un même projet. Il arrive
souvent qu’il y ait des infimes différences entre deux outils.
Le compas, le trusquin et le niveau à bulle : des outils de
mesure indispensables
Pour garantir un travail précis et soigné, les menuisiers
devaient disposer d’outils de mesure fiables. Dans chaque atelier on trouvait
un mètre ruban, un outil flexible, et une règle rigide qui sert tous les deux à
mesurer des longueurs et des largeurs précises.
Indispensable a été aussi une équerre, « escaire »
en langue Provençale. Elle est utilisée pour vérifier les angles droits et
assurer que les pièces sont bien perpendiculaires. Par contre le compas, compàs
en langue Provençal, était notamment employé pour tracer des cercles ou
reporter des mesures. D’ailleurs les Provençaux disait compasser, pour
signifier le procède de mesurer exactement.
Le trusquin permettait quant à lui de tracer des lignes
parallèles sur une pièce de bois. Enfin, le niveau à bulle, inventé au XVIIème
siècle, servait à vérifier l’horizontalité ou la verticalité d’un élément lors
de son assemblage.
Les autres outilles indispensables
Un menuisier utilise divers autres outils de mesure pour
garantir la précision et l'exactitude de ses travaux. Voici quelques-uns des
outils de mesure les plus couramment utilisés, dont le pied à coulisse, un
outil de mesure précis qui permet de mesurer des épaisseurs et des diamètres,
ainsi qu’une jauge de profondeur pour mesurer la profondeur de trous ou de
rainures.
Vérifier le gauchissement et la planéité
Encore avant de les utiliser, on a vérifié le gauchissement,
surtout si on craigne qu’elle soit gondolée. Pour cela on pose une règle en
acier à chaque extrémité et on vérifie à l’œil. Si les deux règles sont
parallèles, c’est que la planche n’a subi aucune déformation.
Pour vérifier si une surface est plane on a procédé d’une
manière similaire. L’artisan pose une règle plate, de préférence en acier,
dessus. Il tourne la règle plate sous des angles différents pour vérifier la
surface entière. La moindre bosse fera osciller l’outil. Une fissure qui laisse
passer la lumière confirmera la déformation.
Les méthodes provençales
Les outils de mesure mentionnés sont essentiels pour un
menuisier afin de réaliser des travaux précis et de qualité, mais pas géographiquement
limités. Par contre, très répandu en Provence a été une méthode extrêmes simple
de mesurer l’écartement entre deux bords, par exemple pour fabriquer des
tiroirs. Souvent plus rapide, et aussi exacte, on peut mesurer l’écartement
entre deux éléments d’une pièce en comblant l’espace au moyen de deux baguettes
en bois maintenues l’une contre l’autre. Pour cela, il faut tracer un trait sur
les deux baguettes pour enregistrer leurs positions. Puis, et sans lâcher de
prise, il faut les transférer sur la pièce à mesurer.
Aussi simple et efficace pour diviser une planche en plusieurs
parties égales a été la méthode d’utiliser une règle ou un métra à ruban. Par
exemple pour diviser une planche en quatre parties égales, il suffit d’aligner
l’extrémité de la règle sur un bord et la quatrième division sur l’autre nord.
Reste à marquer ensuite les divisions intermédiaires et tracer une ligne au
crayon.











