Road-trip électrique au festival d’Avignon : La Dacia Spring entre ses phases maniaques et dépressives

Voyager en voiture électrique peut être un jeu d’enfant, ou une épreuve marquante, surtout en grands trajets. Nous avons parcouru 700 km en quatre jours fin juillet, pour aller d’Antibes via Aix-en-Provence à Avignon, et pour visiter quelques villes et villages du coin comme Beaucaire, Vallabrègues ou Saint Pantaléon dans le Luberon. J’ai réalisé mon petit rêve écolo, ou tout ce joli monde est électrique, avec un immense plaisir du silence et une conduite plutôt agréable… Certes, j’ai rêvé sans chichis, sans m’interroger sur les émissions de CO2 relatives à la production d’électricité qui sert à recharger la batterie de ma Dacia Spring, le cycle de vie de mon engin ou encore l’impact de ses batteries sur le marché des matières premières et les conséquences sociales. Je vis dans le présent, et là, on ne rejette pas la moindre particule toxique pour nos petites alvéoles pulmonaires, pas le moindre gaz à effet de serre, ni même le moindre picogramme d’oxydes d’acote, si propice à une bouffée d’ozone…


Voici le résumé du voyage : L’autonomie affichée a été entre 270 et 300 km, mais je n’ai pas fait des trajets de plus que 180 km sans recharge. Se targuant d’atteindre la barrière réelle des 235 km, donc l’autonomie affichée des cycles d’homologation WLTP, on est tout bon. Mais pour y arriver, la réalité de mon voyage est toutefois un petit peu différent, sous une certaine crainte de manque de jus, et d’un peu de galère pour trouver la borne de rechargement : Pas de question pour autant de rouler à haute vitesse, et encore moins sur autoroute avec un moteur à seulement 45 cv. J’ai tout simplement évité les autoroutes, en empruntant seulement environ 50 km en contournant le massif de l’Esterel. Sur les nationales et départementales je n’ai rarement dépassé les 80 km/h. En bon élève, la consommation moyenne d’environ 10 kWh/100 km est conséquente.


Mais l’autonomie n’est qu’une partie de l’équation qui peut rendre un voyage en électrique plus ou moins laborieux, l’autre étant liée à la vitesse de recharge. Là encore, n’ayant pas pris l’option Combo CCS, ma Spring noire en version "Confort Plus" se charge seulement avec le câble « Mode 3 Type 2 » à environ 7 kWh. Et là, on parle de la puissance maximale de recharge plutôt que de la puissance moyenne, ce qui peut réserver de mauvaises surprises. Sur certaines bornes, notamment en période de forte affluence, j’ai effectivement rencontré des problèmes de charge, avec seulement 3 à 4 kWh, par exemple à Riez dans le Verdon sur le parking en bas du centre-ville, ou un des deux emplacements de recharge bien ombragés a été occupé par une petite citadine thermique. Mais en général, on ne peut pas se plaindre, on n’a jamais été obligé de faire la queue pour charger la Spring aux bornes publiques, même si à Aix-en-Provence des nombreuses voitures thermiques ont été garé sur les places réservées. Malheureusement, ces mauvaises expériences sont aujourd’hui encore plutôt une norme qu’une exception.

Beaucaire

A ce jour, il est encore inconcevable de voyager en électrique sans un minimum de préparation. Les constructeurs de voitures électriques et les opérateurs de recharge ont de gros progrès à faire pour rendre tout ceci accessible au plus grand nombre. Dans un premier temps, les planificateurs embarqués des véhicules électriques doivent s’améliorer pour proposer un itinéraire clair, tenant compte des différentes bornes de recharge le long du parcours, et de leur disponibilité en temps réel. Également les opérateurs de recharge doivent encore faire des efforts, pour que les conducteurs de voiture électrique n’aient pas de doute sur leur capacité à tailler la route. Car, sans une liasse de cartes de recharge et plusieurs applications mobiles, il est impossible de voyager en véhicule électrique sereinement. Nous avons utilisés Chargemap, Chargepoint et Freshmile.





Le moulin de Lambesc














Tout avait pourtant bien commencé : quelques jours de libre, une météo radieuse et l’arrière-pays pas trop envahi par les touristes tout excités à l’idée d’aller bronzer tout bêtement ou de construire des châteaux de sable sur les plages de la Côte d’Azur. En passant par Aix-en-Provence pour un déjeuner sous l’ombre des platanes pendant que la Spring a chargé, nous sommes arrivés à Lambesc avant d’aller à Châteaurenard, au total presque 300 km.

Dans les rues pendant le Festival d'Avignon

L’autonomie limitée a pourtant un impact psychologique considérable sur un conducteur ordinaire habitué encore il y a quelques mois aux centaines de kilomètre d’autonomie des véhicules à moteurs thermiques. D’où l’apparition spontanée de ce trouble obsessionnel compulsif qui pousse à vérifier toutes les cinq minutes le stock de kilomètres encore disponibles : 125… 119… 113 km… Mais bonne nouvelle, l’œil focalisé sur le compte à rebours kilométrique nous réserve aussi des bonnes surprises, quand l’aiguille sur le gros cadran à gauche vient de passer dans la zone bleue : recharge !  On devient accro de la descente, pédale d’accélérateur relâchée. Ce miraculeux système de récupération d’énergie redonne un peu de souffle aux batteries.



Entre temps, le stock de kilomètres disponibles n’a pas de pitié, 83…, 77 km…  Il est temps d’aller boire un café dans un bistrot, le temps d’une recharge salvatrice. Ainsi nous sommes arrivés le lendemain à Beaucaire, pour visiter après l’Abbaye de Saint Roman millénaire, dont une visite des parties troglodytiques s’impose. Après nous sommes montée à Vallabrègues, le célèbre villages de la vannerie avec son musée et à coté l’atelier de Daniel Benibghi, grand amateur de motos BMW et connaisseur en mécanique - qui fabrique – entre autres - des magnifiques accessoires pour voitures de collection. Un client lui a même demandé de fabriquer une cellule de camping-car en vannerie.

Le vannier Daniel Benibghi, un passioné. Son atelier se trouve à droite du Musée de la Vannerie

Nous avons eu encore un peu du temps, ainsi nous sommes allés voir la tombe de Fréderic Mistral à Maillane, avant de rentrer via Saint-Rémy dans notre AirBnb à Châteaurenard, un petit mazet en bas du château, pas loin du centre-ville. D’ailleurs nous avons chargé notre Dacia Spring sur le parking du centre, le temps de prendre l’apéro.





Pub pour un spectacle à Avignon














Le Festival d’Avignon a été au programme le lendemain, on a enchainé plusieurs pièces de théâtre dont « La complainte du bipo », écrit et interprété par Erwan Quesnel qui raconte l’histoire et la logique de ses bouffées délirantes : paranoïa, mégalomanie, hallucinations… La pièce est aussi musical, avec Laurent Zoppis à la guitare. Très impressionnant, on a des fois envie des rires, mais c’est tellement triste, pour devenir presque profondément dépressive.

Auteur et acteur : Erwan Quesnel et l'affiche de sa pièce de théatre "La complainte du bipo"

Comme Erwan Quesnel l’explique : « La folie a raison car la raison est folle ». Ainsi le retour se faisait via Saint Pantaléon dans le Luberon proche de Gordes et Roussillon, pour une simple raison, complètement maniaque. Nous avons acheté il y a un bon moment un tableau du peintre Michel Dureuil (1929 – 2011) intitulé « Les fermes de Saint Pantaléon ». Et depuis une idée trottait dans ma tête : Est-ce que nous pouvons identifier cette ferme, existe-elle toujours ? C’est pour nous épanouir. Et, c’est fou, nous l’avons trouvé, cette ferme au premier plan du tableau, même si la deuxième ferme en bas a été un peu transformé entre temps.

A la recherche d'une ferme à Saint Pantaléon

La fin de l’histoire : Très satisfait nous sommes rentrés via Riez, Aups, Draguignan et Grasse à Antibes, au total environ 280 km pour la journée, et deux petites recharges pendant le déjeuner à Riez et pour gouter une glace à Aups. En rentrant la batterie a été encore à moitié chargée.




Borne de recharge sur le parking d'Aups, en bas de la Place Martin Bidaure avec ses platanes






Nous avons vécu pendant ce voyage de quatre jours le futur et le passé, en euphorie et en stress. Notre Spring nous a donné parfaite satisfaction. Comme nous avons fait l’expérience depuis quelques mois, conduire une voiture électrique en ville, c’est formidable, apaisant. Pour aller un peu plus loin, peut-être pour certains ce n’est pas raisonnable, mais comme nous l’avons appris à Avignon : La raison est folle !


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